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ALAN LEATHERWOOD

C’est notre ami Bernard Boyat qui a apporté informations et précisions sur le performer américain Alan Leatherwood : « Je l’ai contacté pour constater qu’il faisait le métier depuis longtemps, capable sur un titre de chanter aussi grave que Johnny Cash et, sur le suivant, de faire du Buddy Holly à la perfection. »

-  Son interview publiée dans le Cri du Coyote 109 en février 2009 nous apprend que Leatherwood, né Alan Cassaro en 1944, a un lien avec Holly… voici ses réponses :

Et l’épisode de la fameuse guitare acoustique de Buddy Holly ?

Nous étions engagés pour un passage à l’université chrétienne du Texas à Lubbock. J’avais cherché le numéro des Holley dans l’annuaire pour leur demander si je pouvais passer. M. Holley m’avait répondu que des fans de Buddy le faisaient à l’occasion et qu’il pourrait m’accorder une demi-heure. J’y suis allé et y ai passé tout l’après-midi ! Comme j’avais apporté ma guitare, je leur ai chanté quelques titres de Buddy, ce qui a ému Mme Holley , qui m’a dit : «J’ai détesté le film qui a été fait sur Buddy (1). Il donne l’impression que nous n’aimions pas sa musique, mais c’est faux. J’ai été très déçue. Par exemple j’ai aidé Buddy à écrire Looking For Someone To Love. C’est moi qui ai trouvé les paroles « Drunk man, street car, foot slipped, there you are ». Larry, le frère de Buddy, a alors ouvert un placard, en a sorti une guitare et a dit : »Waylon Jennings était en ville il y a quelques jours et a remis des cordes sur la vieille guitare de Buddy. Personne n’en avait joué depuis sa mort et Waylon a dit :  « Une superbe guitare comme ça devrait avoir de nouvelles cordes ». Veux-tu en jouer ? Tu seras la deuxième personne à l’utiliser depuis la mort de Buddy ». Mes mains tremblaient quand j’ai pris la guitare recouverte de cuir. J’ai vraiment vécu un moment exceptionnel, c’était comme toucher une relique. Larry m’a dit de chanter quelque chose, mais j’étais si nerveux qu’aucun son n’est sorti. J’ai dû m’éclaircir la gorge, attaquer un autre titre. Ma voix tremblait et j’avais les doigts gourds… Ce n’est qu’au bout d’un moment que je suis arrivé à me lancer dans une version agressive de Not Fade Away. Quand j’ai eu fini, Larry a déclaré : « Tu sais, Al, quand je t’écoute chanter, je peux entendre mon frère, Buddy est en toi ». Flatté, j’ai répondu : »Larry, ce compliment me va droit au cœur, mais je ne faisais même pas mon imitation de Buddy. Je suis assez bon pour ça. Est-ce que tu veux l’entendre ? » -« Non, non. Ce que je veux dire est que je peux entendre Buddy lorsque tu chantes. Il est en toi. Je n’ai jamais entendu ça chez quiconque d’autre. Beaucoup retrouvent son phrasé hoqueté et son style, mais ils ne retrouvent pas le feeling. Tu es le meilleur que j’ai entendu pour capturer l’essence de Buddy. Mon frère était têtu, une vraie tête de mule et même parfois chiant. Je présume que tu es pareil ». M. Holley est alors intervenu : »Al, tu as quelque chose que les fans de Buddy aimeraient vraiment. Cela fait des années que je mûris un projet à présenter à Norman Petty et, si tu veux, j’aimerais t’emmener à Clovis et voir ce qu’il en pense. Tu pourrais peut-être enregistrer un album des titres de Buddy que tu viens de nous chanter. On a eu des différents avec Norman au fil des ans mais, en fin de compte, c’est un bon producteur et ingénieur du son et il a vraiment contribué au succès de Buddy. Es-tu intéressé ? ». Abasourdi, j’ai pris une décision sur le champ : « M. Holley, j’adorerais faire un album en hommage à Buddy un jour mais, actuellement, je suis en négociations à Nashville avec les disques Monument pour graver mes propres chansons. Je veux d’abord réussir par moi-même. Ca fait un bout de temps que j’essaie de mettre ma carrière sur les rails et ce ne serait pas honnête de la lancer sur les cendres de celle de Buddy ». Larry se contenta de sourire : « Je t’ai dit que tu me rappelles mon frère. Buddy aurait sûrement répondu la même chose ».  M. Holley a ajouté : »On avait une bande sur laquelle Buddy travaillait avant sa mort, mais on nous l’a volée, un fan ou une de nos connaissances. On la passait à l’occasion pour les visiteurs. Un jour elle a disparu. Il y avait des titres qu’il n’avait jamais repris, comme celui de Ray Charles, Drown In My Own Tears. Je dis ça au cas où tu en entendrais parler à Nashville ».

Tu as décliné l’offre du père de Buddy ?

Avec le recul du temps, je regrette. Bon sang, ça aurait  été super d’auditionner pour Norman Petty, même si rien n’en était sorti. J’avais l’occasion de faire la musique que j’aimais vraiment, mais je prenais tellement mes compos au sérieux alors. Pour être honnête ce n’était pas le pied à Nashville, mais j’étais décidé à percer et à obtenir un contrat par moi-même. J’étais simplement trop fier pour accepter cette invitation…

Et as-tu retrouvé la bande volée ?

Quelques mois plus tard, je narrais ma visite chez les Holley à Roland Pike, parolier chez Combine Publishing. Texan et ancien ami de Buddy. Quand j’en suis venu à la bande disparue, il m’a dit : »Putain, je sais tout, mais je  ne dirai pas qui, ce sont des amis à moi ». Comme j’ai insisté, juré, craché que je ne vendrais jamais la mèche, il m’a confié le nom. Je n’y croyais pas, c’était un des très proches de Buddy. Roland lui avait demandé la raison du vol et il avait alors répondu : »Je pense qu’il est temps de mettre fin à la légende de Buddy Holly. Plus de bande, plus de légende »… J’ai honoré ma promesse jusqu’au décès de Roland, dans un incendie, à la fin des 70’s. J’ai écrit à Larry Holley pour lui raconter l’affaire. Il n’a pas répondu, mais je suis sûr qu’il a été satisfait de l’information qui était, soit une révélation, soit la confirmation de ses soupçons…

(1) C’était juste après la sortie du film sur Buddy Holly avec Gary Busey

-  L’ultime édition de Rock and Roll revue (n°75), à la mémoire de Bernard, contient une biographie précise de Alan Leatherwood, avec ce paragraphe Buddy :



Remercions Bernard Boyat (1945 – 2015) qui, depuis le milieu des années 60, a partagé ses connaissances encyclopédiques avec humilité, humour et gentillesse.






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